Ford en courant alternatif : une proie pour le groupe Stellantis ?

Ford en courant alternatif : une proie pour le groupe Stellantis ?

En panne de stratégie sur l’électrique, Ford prévoie de supprimer 3 500 emplois en Allemagne.

© Ford

L’apparente robustesse des résultats financiers publiés par le constructeur américain ne suffit pas à compenser la perte des parts de marché de la marque aux États-Unis, ni à surmonter sa stratégie hésitante en matière de véhicules électriques. Ford, qui a annoncé la suppression de 3 500 postes dans son usine allemande de Saarlouis, est en passe de devenir le candidat idéal pour une fusion amicale avec le groupe Stellantis.

En 2023, les ventes de Ford aux États-Unis ont augmenté de 7,1 %, une croissance inférieure de moitié à celle réalisée par son rival General Motors. Le constructeur automobile a annoncé avoir vendu près de 2 millions de véhicules l’an dernier sur le sol américain. La performance annuelle du groupe est inférieure à la moyenne, alors que les ventes de voitures ont progressé de 12,4 % outre-Atlantique l’an dernier, selon une estimation du cabinet d'analyse Wards Intelligence.

Ford, qui a annoncé une hausse de 11 % de son chiffre d'affaires, à 176 milliards de dollars, grâce notamment à ses gammes d’utilitaires et de pick-up, entend se concentrer à l’avenir sur des modèles électriques plus petits et une nouvelle génération de plateforme EV à faible coût. Toutefois, à l’heure où la bataille des prix fait rage, l’objectif d’une marge de 8 % que l’industriel s'est fixé sur l’électrique en 2026, pourrait ne pas être atteint.

Une pause dans les projets d’électrification européens

Ces derniers mois, Ford a suscité des inquiétudes parmi les observateurs en ce qui concerne sa transition vers la mobilité électrique, en raison d'une stratégie parfois difficile à décrypter. Un exemple récent de cette ambiguïté est la décision de mettre en pause ses projets d'électrification en Europe, alors même que le groupe prévoit d'allouer 40 % de ses investissements aux véhicules électriques. Selon le constructeur américain, ce report des investissements sur le Vieux Continent est motivé par le retard du marché des voitures électriques. En effet, le degré de maturité de ce marché varie considérablement d'un pays à l'autre.

En France, le leasing électrique et le bonus écologique continuent de doper les ventes de modèles électriques, tandis qu’en Italie, en Angleterre et en Espagne, le marché est freiné par un manque d'infrastructures et d'incitations à l'achat.

Ford

Ford perd 36 000 dollars par véhicule électrique vendu !

Face à la crainte d'un ralentissement de la demande pour les modèles électriques, le constructeur a pris la décision de réduire ses capacités de production en Allemagne. Ford Motor et le syndicat allemand IG Metall ont convenu de supprimer environ 3 500 emplois dans l'usine de Saarlouis, après l'arrêt de la production de la Focus, le seul modèle fabriqué sur le site, l'année prochaine. Le constructeur a choisi d'assembler ses futures gammes électriques en Espagne.

Trouver l’équilibre entre le prix, la marge et la demande en véhicule électrique, reste un exercice de haut vol pour les constructeurs, au risque de fragiliser leurs profits et d’ouvrir la voie à une fusion amicale. L’an dernier, Ford avait annoncé perdre 36 000 dollars par véhicule électrique vendu ! Dans le même temps, la grève de l’automne dans ses usines américaines aurait coûté 1,3 milliard de dollars au groupe. Dans ce contexte, Carlos Tavares, CEO du groupe Stellantis, a relancé l’idée d’une consolidation des constructeurs occidentaux. De là à ouvrir les discussions avec Ford…

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